Saffie, la dernière cigarette, était tout seul dans le Bois de Boulogne à Paris.
C’était le mois d’octobre et tout le monde avait arrêté de fumer. Les autres cigarettes étaient des mégots, mais lui, il n’avait pas encore été allumé.
Il était triste. Il était amoureux d’une allumette, mais l’allumette ne voulait pas l’allumer. Elle avait peur de brûler Saffie.
Saffie avait quarante ans. Il était au chômage. Il avait travaillé chez les pompiers, mais il était trop fougueux. Les pompiers avaient peur de lui. Pourtant Saffie était une personne très détendue et chaleureuse.
Il était seul et il avait froid. En octobre il faisait froid dans le Bois de Boulogne. Il voulait être brûlé. Il voyait un homme dans la forêt. C’était un homme un peu rebelle. Il s’appelait André. Il faisait du camping. Saffie avait froid. Il est allé à l’homme rebelle et il lui a demandé de l’allumer. Mais l’homme rebelle n’aimait pas les vieilles cigarettes.
Saffie était très triste. Il est allé chez sa copine Allumette.
« Allumette, s’il te plaît, veux-tu m’allumer ? »
Mais Allumette l’aimait trop.
« Je ne peux pas mon cher Saffie, je t’aime trop et je ne veux pas te perdre ! Il faut que notre amour reste platonique »
Il a commencé à pleuvoir. Saffie déteste la pluie. La pluie détruit les cigarettes. Mais Saffie ne voulait plus vivre sans autres cigarettes, sans allumettes, sans personnes qui fument. Alors il a pris une grande bouffée d’oxygène et il s’est assis sous la pluie et tout doucement il a chanté un poème de Verlaine :
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure;
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
Quelques heures plus tard, il a disparu, sous les feuilles mortes dans la forêt.
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